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Lieux-dits, toponymes.

Si pour certains administrés le nom des coins et recoins de notre commune n’a aucun secret, pour d’autres, la signification leur échappe souvent ; peut-être même ne soupçonnent-ils pas qu’ils puissent en avoir une. Or les noms donnés n’ont pas été attribués de façon arbitraire, mais plutôt dans un souci de description du paysage, ou du lieu, ou de ceux qui l’occupent. C’est parfois aussi le hasard de circonstances ou d’anecdotes qui a donné le nom étrange à ces lieux-dits. Précisons d’abord, qu’un lieu-dit n’est pas forcément habité, contrairement à un hameau. Un lieu-dit peut être un champ, un carrefour ou encore un bois.

Pour expliquer le sens de ces noms, il faut croiser des données géographiques, historiques et linguistiques et aussi se pencher sur l’origine latine et occitane de ces noms.

Tout d’abord le nom Cabanial « Castrum de Cabaniallo », il apparaît pour la première fois dans des documents de 1426. Le mot « castrum » désigne, à cette époque, une forteresse, un bourg fermé et « cabanial » un regroupement de cabanes. Quant au cours d’eau qui  traverse cette commune, Le Peyrencou, il signifie littéralement « une rivière entre les pierres ». Et des pierres, il y en a beaucoup sur ces terres, plusieurs noms l’attestent, nous le verrons plus loin.

Certains noms tiennent leur origine du relief : La Plaine, La Rivière. En langue occitane La Serre désigne une crête, Le Cuing, un coin, Les Canals, un ravin, Le Pech, une hauteur, L’Esquino d’Aze, l’échine d’âne, qualifiant dans ce cas une crête géographique.

D’autres noms de lieux-dits tiennent leur origine de la flore. Ainsi La Bartelle désigne en occitan une bute broussailleuse,  Cambéroux le chanvre, Génibrade un lieu planté de genêts, Jons un lieu planté de joncs, Cimo de Roumo un lieu en hauteur  jonché de ronces et  Le Vignal un lieu planté de vignes. Même si aujourd’hui il ne reste aucune vigne dans la commune, la dernière ayant été arrachée l’an dernier, on sait que jusqu’au XIXème siècle, avant que le phylloxéra n’apparaisse, chaque ferme avait sa parcelle de vigne. Les registres de la commune atteste cela, on retrouve des arrêtés de 1864 concernant « le grappillage » informant les administrés que : «… les vendanges étant terminées, les personnes munies de cartes délivrées pour le grappillage peuvent se livrer à l’exercice du grappillage du lever du soleil au coucher du soleil… ».

D’autres noms de lieux évoquent la nature du sol. Naudinas, un terrain humide, La Grèsa, un terrain caillouteux, Le Peyrousel, un emplacement pierreux, La Rastello, un chaume. Le pont d’En Artigue, situé à la croisée des chemins des Escoutes et du village, désigne en occitan un pré entre un bois et un cours d’eau, ici notamment Le Peyrencou. En ce lieu, tous les jeudis de l’Ascension, jusqu’après la seconde guerre, se déroulait une fête de quartiers avec messe dans le pré, bal sur la route ou sous le hangar si la pluie s’imposait. Ce hangar n’existe plus.

D’autres noms décrivent un bâtiment, ou son utilisation : Le Moulin, En Moulis, Les Fours, La Tuilerie ou bien La Gare. Car oui, il y eut de 1908 à 1947 un train sillonnant les coteaux du Lauragais, entre Revel et Toulouse Port Saint-Sauveur. Tous les villages traversés par ce chemin de fer possèdent le même bâtiment à l’architecte singulière. La  Métairie basse, s’oppose à la Borio Naouto (Borio, nom féminin =  ferme, métairie, propriété ; naouto, adjectif = haute). La Bourdette désigne en occitan une petite ferme,  Le Barracot une grange. Le Treil, situé sur la parcelle cadastrale Le Vignal, pourrait désigner le pressoir. Le bas du hameau Le Cuing porte le nom de La Pousaraco et désigne la fontaine à roue située au pied de la côte.

Certains noms sont la mémoire d’anciens évènements. Ainsi Fountcramado laisse entendre qu’un incendie brûla la maison de la fontaine.

D’autres noms de lieux, des anthroponymes, rendent hommage à des familles ou des personnes. En Audric, Laline, portent le nom de premiers consuls nommés par le Seigneur de Vaudreuille avant 1789 : Jean Audric nommé en 1735, Quinquiéry de Laline nommé en 1760. En Varennes porte le nom du premier maire de Le Cabanial, il cessa de remplir ces fonctions le 4 messidor de l’an 3 de la République. Les hameaux En Valette, En Durand, portent le nom des familles qui s’y installèrent. En Arcis porte le nom d’un sculpteur renommé : Marc Arcis, né en cette ferme du Cuing en 1655  qui réalisa certains bustes de la galerie des Illustres à Toulouse, dont celui de Louis XIV. Il fut par la suite nommé sculpteur du roi. Trois fermes portent le même nom : le petit Rey près d’En Valette, Le Rey à côté du cimetière du village, et Le grand Rey sur la D1. Plus récemment, les villas Marc et St-André portent le nom de jeunes camarades, trop tôt décédés. Dernièrement est apparu le nom : En Cauzi, origine particulière à demander aux propriétaires, car si la parcelle ne porte pas déjà un nom, libre choix est donné aux propriétaires pour nommer l’habitation hors bourg.

Certains toponymes n’ont plus de significations particulières, soit parce que le mot a été déformé au cours des siècles, soit parce qu’il a été francisé, ou tout simplement, sa signification est tombée dans l’oubli. L’Abat jourest un lieu-dit bien étrange, dont la signification est tombée dans l’oubli et nul ne sait si en ces lieux on fabriqua des abat-jour… Le Teulel abrite les ruines d’un moulin à vent en limite du Tarn et désigne en occitan une petite tuile, mais n’explique pas le nom donné en ce lieu.

Ces lieux-dits demeurent encore dans l’usage des anciens qui vous diront : « Gare aux congères  au carrefour d’en Couot … Au Teulel la vue est belle… À la Pouzaraco l’eau était meilleure que celle du village, quand l’eau des fontaines était encore potable… À nous maintenant de garder en mémoire ces noms et ces lieux pour les transmettre et avec transmettre leur histoire.

Véronique PRIM