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Le temps de la Mémoire 1914-1918

 

 

 

 

Félicitations ! Un bel hommage

 

 

« En ces jours froids de janvier, la neige recouvre le sol, et le fracas des obus celui des chants de la nature et des hommes. Dans cette infernale et lancinante symphonie, l’humanité ne perce plus que sous la forme de râles ou de cris… Ces morts en devenir sont des pères, des frères, des fils, dont la disparition jettera le voile noir du deuil sur des familles entières. 
Mon cœur est gelé comme mes doigts, crispés sur la gâchette ; et nous ne comptons même plus sur la chaleur d’une bonne soupe pour les réchauffer. Froide et sans saveur, elle a le goût de la terre. Le vin en revanche coule à flots, comme on en donnerait aux cochons… avant de partir à l’abattoir. Charogne et sang séché, tel est le parfum de la guerre, ce que respirent nos poumons quand ils ne sont pas brulés par les gaz.
Mais quelle était donc l’odeur de ton parfum ?
Ma belle Juliette, je suis devenu imperméable aux belles choses.
Jadis opposé à la peine de mort, dorénavant, je tue. Je tue sans jugement, sans raison… et si dans un accès de lucidité je refusais, alors c’est moi qui serais tué : 12 balles dans la peau, par la France et pour l’exemple.
Impitoyable mécanique, qui broie les consciences, les sentiments ou comment l’horreur devient banalité…
Où est donc passé cet homme qui portait en terre le premier camarade tué, mains tremblantes et les yeux embués de larmes ?
Celui qui te parle aujourd’hui est capable d’abattre un homme de sang froid en le regardant dans les yeux, alors même que ce dernier implore miséricorde.
Cette scène s’est déroulée hier.
Maudite soit la guerre, celle qui m’a pris mon âme et enlevé l’homme que tu aimais.
Celui-là ne reviendra jamais.
Adieu »

                                                                                                      Texte écrit par Sibylle AZEM élève de 3ème 2021-2022

 

 

Le temps de la mémoire est venu

11 novembre 2014

 

L’exposition du 11 novembre 2014 n’est pas une exposition sur la guerre de 14/18,  c’est une exposition sur le village, ses habitants en 1914 et surtout ses soldats à qui nous voulions rendre un hommage et plus : nous voulions ne pas les oublier, nous voulions ne pas les perdre de nos mémoires, nous voulions leur offrir plus qu’un nom gravé sur une tombe ou sur un monument aux Morts.

 

Cette exposition comporte trois parties :

-       une recherche sur le village en 1914, réalisée par ma collègue Sandra Bignon

-       un hommage à tous les soldats de notre commune Morts pour la France, affiches portant un bleuet

-       un témoignage des soldats revenus, illustré de correspondances,  de carnet de guerre ou des photos

Ces deux dernières parties ont été réalisées par Jacques Deville, un passionné du monde rural et de la Grande Guerre  et moi même.

 

 

Pour aboutir à ce résultat, nous avons travaillé d’une part avec les Archives :

D’abord les archives municipales de l’État Civil (acte de décès signé par un adjoint en l’absence du maire lui même mobilisé, monsieur Darles) et les Archives Départementales du 31 et du 81. Il faut saluer le travail colossal des archives départementales qui ont numérisé et mis en ligne tous les registres des matricules des soldats ayant participé à la Grande Guerre, soit les registres des classes 1887 à 1921.

Nous avons aussi utilisé toutes les ressources internet fiables et essentiellement le site du ministère de la défense « Mémoire des Hommes ». Ainsi depuis nos domiciles nous avons pu rechercher les informations sur les soldats et leurs parcours. Quitte à y passer des nuits…

  

Mais nous avons travaillé aussi avec les familles.

Nous tenons à remercier les familles qui ont bien voulu ouvrir les boîtes poussiéreuses dans lesquelles quelques souvenirs de ces soldats étaient gardés. Nous remercions les familles qui, à défauts de souvenirs concrets, ont gardé dans leur mémoire des anecdotes. Parfois les souvenirs étaient trop ténus pour affirmer leur exactitude. Mais les fiches retrouvées aux archives ont pu corroborer l’anecdote ou le moindre souvenir. C’était comme tirer une ficelle et le souvenir reprenait vie, c’était redonner vie à ces courageux, ces vaillants. C’était passionnant mais aussi bouleversant. Retrouver une trace de ses soldats, retrouver un peu de leur quotidien n’a pas été sans émotions :

-       découvrir que sur les 22 Morts pour La France, 14 sont décédés en 1914 soit dans les 4 premiers mois de la guerre

-       lire la dernière lettre écrite à son enfant

-       découvrir qu’un soldat blessé en août 1914, revient sur le champ de bataille le 29 octobre et se fait tuer le lendemain

-       découvrir qu’un autre épargne la vie à un Allemand mais se fait tuer quelques mois après…

 

Notre travail n’est pourtant pas exhaustif. Nous n’avons pas pu retrouver avec exactitude la population du village en 1914 et quelques soldats sont sans doute oubliés. Si nous les découvrons, nous ferons le même devoir de Mémoire.

Certains soldats que nous évoquons dans cette exposition n’habitaient pas le village en 1914, c’est vrai. Mais il me semblait impossible de ne pas parler de deux hommes que j’ai côtoyés dans mon enfance, deux hommes qui ont vécu plus de la moitié de leur vie ici, qui sont arrivés après la guerre, après LEUR guerre,  deux hommes qui se retrouvaient toutes les belles après midi ici à quelques mètres, assis sur le banc bleu ciel, assis devant la boulangerie et que faisaient-ils immanquablement ? Ils parlaient de la guerre, de LEUR guerre (et cela m’ennuyait, cela nous ennuyait, ne pouvaient-ils pas parler d’autre chose ?…) Ils étaient surnommés entre eux Staline et Churchill, je veux parler de  Joseph Ramond, le forgeron, et Alban Vergnes, le boulanger.

 

A tous, nous avons voulu leur rendre hommage et ne pas les oublier, PARCE QU’UN PEUPLE QUI OUBLIE SON PASSÉ SE CONDAMNE À LE REVIVRE(W. Churchill).

Merci à vous tous d’honorer cette exposition de votre présence.

Véronique Prim

Les enfants de Le Cabanial morts pour La France :

Henri COURT

Mort le 20 aout 1914

Jules SIRVEN

Mort le 22 septembre 1914

Victor BIOU

Mort le 25 septembre 1914

Auguste MARQUIER

Mort le 30 octobre 1914

Jacques PRADELLES

Mort le 1er novembre 1914

Pascal SIRVEN

Mort le 2 novembre 1914

Félix GASC

Mort le 4 novembre 1914

Jean Léon DELPY

Mort le 7 novembre 1914

Emile VIEU

Mort le 19 novembre 1914

Pascal FEDOU

Mort le 21 décembre 1914

Jean ALBERT

Mort le 12 mars 1915

Jean BONHOURE

Mort le 30 mars 1915

Léon MOLINIER

Mort le 24 aout 1915

Jean MANDOUL

Mort le 9 novembre 1915

Paul SOUAL

Mort le 26 mars 1915

Jean Marie ROUQUET

Mort le 19 septembre 1916

François ALIBERT

MORT LE 2 OCTOBRE 1917

Félix BRESSOLES

Mort le 26 novembre 1915

Noël CÉLY

Mort le 8 avril 1918

François ESCOURBIAC

MORT LE 30 SEPTEMBRE 1918

Albert BRESSOLLES

Mort le 7 janvier 1919

Léon DELPY

Mort le 17 juin 1919

Témoignages de ceux qui sont revenus :